Le mal-être au travail n’est pas une fatalité

    Le mal-être au travail n’est pas une fatalité
     

    Eviter les risques psychosociaux et le stress

    Management par la terreur, par le stress, par le harcèlement, par le chantage à la délocalisation… Alors que l’actualité nous interpelle sur la souffrance au travail, les expressions pour dénoncer les pratiques managériales et les pressions qui les accompagnent se multiplient. Si dans nombre de cas les pratiques managériales doivent être mises en cause, « beaucoup de managers sont eux-mêmes victimes de ces états de mal-être et de leurs conséquences », rappelle Marc-Alphonse Forget.

    Dans Travail : un mal français ?, le consultant et formateur en entreprise dresse un état des lieux du mal-être au travail, avec ses conséquences en termes de santé et sur le plan économique. Mais celui qui a exercé des responsabilités de management pendant près de 25 ans démontre également qu’il est possible d’améliorer le bien-être des salariés, y compris celui des cadres dirigeants, par des pratiques éthiques dont il présente les clés.

    Pacte de confiance rompu

    En prenant le pouvoir, le capitalisme financier et actionnarial, dont le critère dominant est la rentabilité immédiate, a entraîné de fortes pressions sur les entreprises et leurs salariés. « L’homme, le salarié, dans tout cela, pèse bien peu de chose », explique l’auteur. Lorsque le pacte de confiance entre le salarié et l’entreprise est rompu, le mal-être s’installe.

    Si l’auteur ne souhaite pas abandonner le principe de la libre entreprise, il milite pour le développement d’approches plus qualitatives. Il se réjouit ainsi de l’émergence du concept de performance sociale en contrepoint de la performance économique.

    Mettre en place un management éthique, qui évalue régulièrement l’état de bien-être des salariés, est-il suffisant à faire disparaître le stress et la souffrance au travail ? M. Forget en doute. Globalisation, concurrence, évolutions technologiques : l’environnement dans lequel les entreprises évoluent continuera de faire peser des contraintes fortes. « Ces contraintes feront que le monde de l’entreprise restera un monde dur, difficile, éprouvant, exigeant, ce qui rejaillira nécessairement sur les collaborateurs et leurs managers. En ce sens, le pire est peut-être à venir. »

    Développer son autonomie

    Si le management éthique peut atténuer le poids des pressions, il n’est pas le seul facteur d’amélioration du bien-être au travail. Pour mieux s’en sortir « les salariés devront, de plus en plus, développer des ressources et des compétences personnelles », notamment une grande capacité à apprendre et à désapprendre pour garantir une employabilité durable mais aussi une résistance au stress, une capacité à s’adapter, à s’innover.

    « En effet, quels que soient à un moment donné les aides, les soutiens, les moyens qui peuvent être mis en œuvre par une entreprise, une organisation ou les pouvoirs publics, la réalité du monde d’aujourd’hui et de demain fait que nous ne pouvons plus, ou de moins en moins, nous reposer sur des garanties, des sécurités externes à la personne. »

    Pour M. Forget, l’Education nationale ne doit plus se contenter de transmettre un savoir qui devient vite obsolète, mais aussi « préparer psychologiquement et équiper techniquement les étudiants à s’en sortir positivement, dans le monde tel qu’il est », en proposant des formations au travailler ensemble, au traitement de l’information, mais aussi à la résolution des problèmes et à la gestion et la prévention du stress.

    Tout comme les collaborateurs doivent développer leur autonomie en entreprise, les citoyens doivent le faire dans la vie plus globale. « Le temps de la précarité, de l’éphémère et de l’incertitude est advenu. Dans un monde marqué par le changement permanent, l’incertitude, la redistribution des cartes politiques et économiques… Chacun, dans sa vie personnelle et professionnelle, doit devenir sa principale source d’orientation et sa principale ressource. »

     

     

    Pour en savoir plus sur la prévention des risques psychosociaux, retrouvez cette article : http://www.lemonde.fr/emploi/article/2015/07/30/le-mal-etre-au-travail-n...